La DS9 face à la Citroën DS21 Pallas : la digne héritière ?

 

Rencontre historique entre la nouvelle DS9, qui sera commercialisée début 2021, et son aïeule, une Citroën DS21 Pallas de 1969. La marque premium de PSA a-t-elle enfin trouvé une héritière digne de ce mythe de la production automobile ?

Nous vous proposons un voyage dans le temps, non pas sur la planète Marseille pour danser le Mia, mais plutôt sur la planète DS, pour un match en souplesse. Retour en 2009, au moment où Citroën s’apprêtait à lancer sa ligne DS. Une annonce qui fit beaucoup de buzz, à l’époque, puisque le public espérait l’arrivée d’une grande berline de luxe héritière de la célèbre Citroën DS. Pour les fans de la mythique déesse, ce fut un rendez-vous manqué, pas de grande routière révolutionnaire au programme, mais au contraire une « petite », Citroën DS3 ciblant ouvertement la citadine chic britannique de Mini.

Il aura fallu attendre encore une décennie avec la DS9, présentée au printemps 2020 et dont les premières livraisons n'interviendront que mi-2021. Cette fois, la marque DS dispose bel et bien d’une imposante berline qui, à sa manière, se glisse dans les pas de son illustre aïeule, laquelle fête aujourd’hui ses 65 printemps. Un lourd héritage pour la DS9 ? C’est précisément l’objet de notre rencontre du jour. Vous l’aurez compris, nous allons traiter les différences et les ressemblances entre la Citroën DS d’hier et la DS 9 d’aujourd’hui.




Questions de dimensions et de proportions !

Citroën DS21 Pallas 1969 profil et empattement
La Citroën DS est longue de 4,80 m et repose sur un empattement de 3,12 m. C'est exactement celui d'une Audi A8L, longue de... 5,30 m !

Incarner une certaine image du luxe à la française passe obligatoirement par des dimensions généreuses. Imposante à l’époque, la Citroën DS a une longueur de 4,80 m. Sa rivale, la Peugeot 403 se contentait de 4,47 m. Mais surtout, l’ « ORNI » de la marque aux chevrons repose sur un empattement gigantesque de 3,12 m. C’est l’exacte mesure de celui d’une Audi A8 longue actuelle mais dont le gabarit atteint 5,30 m !
 

DS9 2020 vs Citroën DS21 Pallas 1969
La DS9 et la Citroën DS21 Pallas arborent chacune à leur manière une ligne de coupé.

En comparaison, la DS9 est certes plus longue (4,93 m) mais sa distance inter-essieux est moindre (2,90 m). En d’autres termes, elle adopte les dimensions de ses rivales contemporaines, à l’image d’une Audi A6. Aujourd’hui, il y a des codes très stricts, ils sont imposés par le marché. Un constructeur premium n’a pas d’autre choix que de les respecter. Comme en témoigne, par exemple, la gamme Volvo qui s’est mise au pli. Mais plus que les dimensions, ce sont les proportions qui sont radicalement différentes. La DS a un très long porte-à-faux avant, en raison de son implantation mécanique longitudinale et de la roue de secours, logée en amont du moteur.

La Citroën DS se distingue surtout par un porte-à-faux arrière quasi nul.
Sa proue est large, à contrario de sa poupe plus étroite pour améliorer la tenue de route et amplifier les bienfaits de l’architecture traction inaugurée par sa devancière en 1934. La DS9 joue sur un équilibre radicalement différent, c’est logique, elle doit composer avec un châssis de Peugeot 508 - précisément sa version chinoise baptisée Peugeot 508 L -  ce qui explique une certaine uniformisation des proportions.


Des styles plus ou moins osés

Citroën DS21 Pallas 1969 phares pivotants
Lors du restylage, en 1967, la Citroën DS a adopté des projecteurs sous glace. Les phares intérieurs sont pivotants.

Long capot fuselé, phares pivotants sous verrière (depuis 1967) et calandre mince quasi inexistante, la Citroën DS a un visage comme nul autre. Ses flancs lisses sont sobres, à l’instar de sa poupe en pente douce. Seules les tuyères qui abritent les clignotants apportent une touche d’exotisme. Serait-ce l’évocation d’une corne d’abondance correspondant parfaitement à une époque – les trente glorieuses - où tout semblait possible ? Aujourd’hui encore, on se retourne dans la rue au passage d’une Citroën DS, c’est un signe qui ne trompe pas. Elle a marqué et marque encore les esprits.

Citroën DS21 Pallas 1969
Les clignotants implantés dans des tuyères sont typiques de la Citroën DS.
Citroën DS21 Pallas 1969
Notez au dessus du catadioptre le boulon pour ôter l'aile arrière afin de changer une roue.

De son côté, la DS9 fait bel et bien partie intégrante de l’univers de la marque premium de PSA. Son museau, calqué sur celui de son grand frère le SUV DS7 Crossback, en témoigne. Sa calandre DS Wings évoque, dans les grandes lignes, celle de son aïeule, mais en plus aérée. Aujourd’hui, la mécanique, de plus petite cylindrée et turbocompressée, a davantage besoin de respirer.

DS9 Performance Line Midnight Blue poignée porte
La DS9 est dotée de poignées affleurantes peintes ton caisse.

Autre point commun, des flancs lisses, épurés, qui ne sont perturbés par aucune aspérité : notez les poignées affleurantes laquées ton caisse qui participent à l’efficacité aérodynamique. Au contraire de celui de sa devancière, le dessin de poupe de la DS9 mise sur un élargissement visuel au moyen de feux fins en deux parties et d’un jeu de baguettes chromées soigneusement mis en scène. Ces dernières font une subtile référence aux joncs chromés de la DS classique.

La filiation est nettement plus appuyée au niveau des feux de pavillon de la DS9 qui font un clin d’œil bienveillant à la DS. Un gimmick purement gratuit, puisque aujourd’hui, la législation interdit d’avoir à l’arrière, un éclairage positionné aussi haut. Pour contourner cet écueil, vous noterez que cette douce lumière orange n’est visible que sur les côtés.

 

Le reflet de la technologie d’une époque

Citroën DS21 Pallas 1969 instrumentation
Au dessus du tachymètre figure un indicateur de freinage sur sol sec.

On ne présente plus la Citroën DS qui fut au catalogue de la marque aux chevrons durant deux décennies de 1955 à 1975. Nous avons affaire ici à la crème de la crème : une DS Pallas, comme celle qui véhicula nos chefs d’Etats et nos ministres sous la quatrième et la cinquième république. Une auto « hautement » singulière par sa suspension oléopneumatique avec les fameuses sphères vertes offrant un confort incomparable et lui permettant de se jouer de tous les obstacles. La DS sauva la vie au Général de Gaule dans les rues du Petit-Clamart, en échappant (avec deux pneumatiques crevés sur une chaussée mouillée ! ) à ses poursuivants. La Citroën DS a su aussi évoluer au fil du temps, après une première moitié de carrière, longue de 12 années, son restylage (en 1967), lui a apporté des phares tournants éclairant l’intérieur des virages pour enrouler les épingles à vive allure. Les modèles Pallas, servant de bureau roulant aux élus de la République étaient dotées du nec plus ultra de la modernité de l’époque : le téléphone à bord !

A VOIR. En quoi roulent les présidents de la Vème République française ?

DS9 Performance Line dalle numérique instrumentation

La DS9 dispose d'une dalle numérique pour l'instrumentation.

La DS9 vit elle aussi avec son temps, c’est à dire dans l’ère digitale, GPS et tableau de bord numérique font partie de son quotidien à l'instar de la conduite semi-autonome de niveau 2. Elle n’a pas la suspension oléopneumatique de son aïeule, mais la technologie Visioscan, une caméra implantée au niveau de la calandre décrypte les aspérités de la chaussée et anticipe les réglages de suspensions avant que l’auto n’y pose ses roues.  Ainsi les occupants de la DS9 ont toujours la sensation de rouler sur un billard.


Monobranche vs écran tactile 

Citroën DS21 Pallas 1969 banquette avant
Ode au confort, la banquette avant de la DS procède davantage du Chesterfield que l'on peut à avoir à la maison, dans son salon, que du siège automobile.

La Citroën DS est dotée de portières sans encadrement. Après avoir enjambé le large longeron qui est l’unique élément de rigidification du châssis, on se laisser tomber dans un fauteuil ultra moelleux. Sa couleur et sa forme sans appuie-tête relèvent davantage de l’univers du mobilier de salon que de celui de l’automobile. Prévenante pour votre séant, qui s’y enfonce à souhait, la Citroën DS l’est aussi pour vos pieds. L’épaisse moquette au sol dont la consistance évoque celle d’une éponge est un régal pour vos orteils, on n’a qu’une envie : quitter au plus vite chaussures et chaussettes.

DS9 Performance Line Midnight Blue places avant
Cette "inspiration" Performance Line de la DS9 mise sur de l'Alcantara noir pour la touche sportive. Mais d'autres finitions de la DS9 proposent du cuir.

Etonnamment, la DS9 qui mise sur une allure de coupé à quatre portes, a des ouvrants classiques, avec un encadrement. Dommage pour le style, mais on nous dit chez DS que c’est pour une question de poussières - en Chine, le marché de prédilection de la DS9 où elle est fabriquée - qu’il ne faut pas laisser entrer dans l’habitacle. Mais c’est aussi, et avant tout, pour des questions de budget, car des portes sans cadres c’est onéreux !
Une fois à bord, la moquette est plus fine que dans la Citroën DS21 mais la DS9 est, elle aussi, un salon roulant à sa manière. La DS9 sait accueillir, selon l’inspiration choisie, avec un mobilier intégralement tendu de cuir assorti d’un pavillon en Alcantara ou bien d’Alcantara à profusion pour la version « sportive » DS Performance Line.


Chesterfield vs Alcantara ?

Citroën DS21 Pallas 1969 banquette arrière
L'assise est tellement moelleuse que l'on y enfonce profondément son séant.

Il y a beaucoup d’espace à l’arrière de la DS de 1969. Ce n’est pas pour rien que le Général de Gaulle l’adopta comme véhicule officiel, tout comme pour son usage personnel. Le « grand Charles » pouvait y  loger sans encombre son mètre quatre-vingt-seize. Lors de cette rencontre, le général n’était pas disponible, mais notre caméraman, le
« grand Matthieu », 1,94 m sous la toise, a pu s’installer confortablement pour les prises de vues intérieures. Dans les faits, le moelleux de l’assise augmente vraiment la garde au toit. Pour ne rien gâcher, la lumière ne manque pas non plus et la vision est réellement à 360 degrés. Le haut vitrage latéral, la lunette arrière panoramique et la longue plage arrière apportent cette clarté. Cependant la forme fuselée de la DS étroitise les places arrière. Mais le plancher parfaitement plat, à l’instar de l’assise de la banquette, permettent de voyager à trois.
 

DS9 Performance Line Midnight Blue places arrière
A l'arrière de la DS9, c'est plus intime, les vitres sont plus minces et surtout sont surteintées.

A l’arrière de la DS9, l’accès et la garde au toit sont moins généreux. A notre connaissance, Emmanuel Macron qui ne mesure pas 1,96 m, mais officiellement 1,73 m, devrait être à son aise à l’arrière d’une future  DS9 présidentielle. L'a-t-il commandée ? Si tel était le cas, il bénéficierait alors de sièges ventilés et massant avec des commandes idéalement situées dans le large accoudoir. Circulant à l’abri des regards derrière des vitres surteintées, il aurait une vision périphérique nettement plus réduite qu’à bord de la voiture officielle de ses prédécesseurs. Mais la clarté passe au second plan, après la sécurité. La structure de caisse renforcée de la DS9 est sans commune mesure avec celle de la DS, frêle au niveau des montants de pavillon. La coque était souvent scalpée lorsque l’auto avait fait des tonneaux.
 

Moteurs : la petite faiblesse des DS ?

Citroën DS21 Pallas 1969 moteur
La Citroën DS aura fait carrière avec un moteur à quatre cylindres hérité de la Traction. Modernisé au fil du temps il aura gagné en cylindrée et adopté l'injection.

Le talon d’Achille de la Citroën DS se trouve sous son capot ! Si sa révolutionnaire devancière, la Citroën Traction eût son haut de gamme animé par de nobles moteurs à six cylindres, la DS dut se contenter de roturiers blocs à quatre cylindres. Un ramage modeste qui dénote, vous en conviendrez, avec son plumage et sa technologie futuristes. Il y a bien eu un projet de moteur V8, qui ne vu jamais le jour, et lorsqu’en 1970, la Citroën SM entra en scène avec son moteur V6 Maserati, la DS était déjà très proche de la retraite. Erreur de timing.

DS9 Performance Line Midnight Blue moteur 1.6 PureTech

Chantre de la technologie hybride rechargeable, la DS9 dispose jusqu'à 360 ch sur sa version de pointe.

Un atavisme que l’on retrouve sur la DS9. Le nouveau vaisseau amiral de la marque DS joue la carte de la technologie hybride rechargeable avec trois versions dont la plus forte dispose de 360 ch et d’une transmission intégrale
« électrique », mais qui demeure néanmoins animée par un « petit » moteur à quatre cylindre 1,6 turbo. Sur les marchés où les rivales de grosses cylindrées (Audi RS, BMW Motorsport et Mercedes-AMG, pour ne pas les nommer) sont prisées, c’est un peu léger. Par ailleurs, la DS9 fait l’impasse sur le diesel qui pourtant, plaît encore aux entreprises.
 

Bilan Citroën DS vs DS9

Citroën DS21 Pallas 1969 vs DS9 Performance Line Midnight Blue
La mythique DS (1955-1975) incarne pleinement les trente glorieuses, elle est le reflet de cette formidable époque. La DS9 arrive dans un contexte nettement plus compliqué...

Destins croisés. Peut-on trouver plus opposé que les naissances de la Citroën DS et de la DS9 ? Submergée par la foule, lors de sa première apparition, le 6 octobre 1955, au salon de Paris, la première y enregistra ce jour, 12 000 commandes ! Premier rendez-vous manqué avec le public, pour la seconde, en mars dernier, le Coronavirus a compromis l’ouverture du salon de Genève. Sans réelle concurrente à sa mesure, la Citroën DS a mené une paisible et longue carrière. Elle fut commercialisée de 1955 à 1975, s’écoulant à près de 1,5 million d’unités dont, il est vrai, une très large majorité en France.

Un contexte qui est loin d’être aussi favorable pour la DS9 qui entre en lice aussi bien en Chine, en Europe qu'en Amérique du Sud, sur un segment de marché qui est aujourd’hui la chasse gardée des constructeurs d’Outre Rhin et qui, par ailleurs, n’a plus les faveurs du public trop occupé à lorgner du côté des SUV. Terminons cette rencontre « historique » sur une note positive en soulignant l’originalité, la technicité, en somme le panache à la française singularisant la DS9 qui, plus que jamais, fait figure d’exception culturelle. Et ne serait-ce que pour cela disons BRAVO à la marque DS.


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1 commentaires:

commentaires
7 décembre 2020 à 18:37 delete

Je regretterai toujours les DS 19/21/23, les ayant conduites ...ayant aujourd'hui une DS7, excellente auto, la nostalgie me tiens toujours ...

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