Ces derniers jours, l’opération était devenue un secret de polichinelle. Suite à la confirmation le 14 février de son intention d’approfondir son partenariat avec le groupe américain General Motors et d’une éventuelle reprise de la marque Opel. En seulement trois semaines, cette simple hypothèse est devenue réalité.
La surprise de 2017 ?
Alors que la faillite menaçait le groupe en 2012, PSA Peugeot Citroën a plus que survécu. Le nouveau géant français a certes supprimé Aulnay-sous-bois et 25% de sa masse salariale, mais su repartir sur des bases optimistes, jusqu’à engranger plus de 2 milliards de bénéfices en 2016, en avance sur son projet “Push to Pass” mené par le récent PDG Carlos Tavares, ex-numéro 2 de Renault.PSA avait entre-temps noué un partenariat avec GM en 2012, lui confiant 7% de son capital et se partageant 3 projets industriels dont les deux plus importants : un crossover citadin (ayant conduit au nouvel Opel Crossland X et futurs Citroën C-Aircross/Peugeot 2008), un SUV compact (Nouveau Peugeot 3008, futurs Opel Grandland X/Citroën C5 Aircross). Ce partenariat avait été revu à la baisse en 2013 suite au retrait de l’américain, mais sa volonté indéniable de revendre Opel - une première tentative avait échouée en 2009 avec Magna International - a conquis PSA de l’opportunité de saisir l’actuelle 6ème constructeur européen.
"Aujourd'hui, nous avons signé l'accord chapeau du rapprochement entre @GroupePSA & #Opel / #Vauxhall, début d'une belle aventure humaine." pic.twitter.com/DdXy7cwLYV— Groupe PSA (@GroupePSA) 6 mars 2017
“Nous saluons tout ce qui a été accompli par ses équipes talentueuses ainsi que les belles marques Opel et Vauxhall et l'héritage exceptionnel de l'entreprise”, annonce Carlos Tavares dans le communiqué conjoint entre PSA et GM, “nous comptons gérer PSA et Opel/Vauxhall en capitalisant sur leurs identités de marques respectives. Ayant déjà développé ensemble d’excellents modèles pour le marché européen, nous sommes persuadés qu'Opel/Vauxhall est le bon partenaire. Il s'agit pour nous d'un prolongement naturel de notre partenariat, et nous sommes impatients de passer à la vitesse supérieure.“
Le nouveau duo Opel Insignia Grand Sports/Sports Tourer lancé en 2017
Opel Insignia Sports Tourer 2017 |
Un nouveau géant européen, mais des inquiétudes
Avec l’intégration du duo de marques Opel/Vauxhall auprès de Peugeot, Citroën et DS, PSA se transforme ainsi en 2ème groupe automobile européen avec 2,4 millions de véhicules particuliers écoulés en 2016 (16,6% de parts de marché), devant les 1,5 millions de Renault mais encore loin de la galaxie Volkswagen et ses 3,5 millions d’unités.Point noir de ce rachat, PSA accroît sa dépendance à l’Europe, après avoir développé fortement son investissement en Chine. En effet, 70% des ventes mondiales de ce PSA “gonflé” se sont réalisées sur le Vieux Continent en 2016, un marché automobile en berne depuis presque deux décennies, le pic de 15 millions d’immatriculations de 1999 n’ayant jamais été franchi de nouveau, bien que 14,6 millions ait été enregistrées l’an passé.
Plus que la dépendance européenne, ce sont les finances d'Opel qui inquiètent. En déficit depuis les années 1990, la marque au "Blitz" (éclair en allemand) a été depuis le boulet de GM, perdant autour de 15 milliards d'euros sur cette période, dont encore 257 millions en 2016.
La question d'une concurrence interne se posera également entre les marques Peugeot, Citroën et Opel, étant sur des segments identiques et quasiment au même prix. Outre les projets communs, la Corsa vient rivaliser avec les 208/C3, l'Astra les 308/C4, la Karl les 108/C1, ou encore l'Insignia les 508/C5. Seuls le cabriolet 4 places Cascada et l'électrique Opel e-Ampera - dont les brevets devraient rester chez GM - n'a pas d'équivalent chez PSA. La mutualisation de projets et synergies , dont les premiers fruits seront effectifs "en 2020" selon Carlos Tavares, pourraient entraîner 10.000 suppressions d'emplois, affirme le média allemand Automobilwoche.